S’il est une maison qui a des racines ancestrales au cœur de Lyon, c’est bien la Manille. Après douze ans et demi à la tâche, Yves et Sylvie Ferrigno passent la main, mais rien ne changera si ce n’est les propriétaires. Uniquement nous assure-t-on déjà des deux côtés.

Alors bienvenue  à  Lydia et Jean-Guillaume qui prendront le relais dès le 1 octobre prochain. Lydia assurait il y a peu encore la gérance du Comptoir du bœuf dans le Vieux-Lyon.

Comment définir cette institution qui date de 1860 ? Dire quelle est depuis la seconde moitié du XIXe siècle dans une rue de bistrots et de bouchons (Le Jura datant de 1865 ou 1867), quelle est restée dans son jus, certes rénovée, quelle n’a jamais vendu son âme au diable ?

A l’ombre de la rue de la République, la Manille – à n’en pas douter du nom d’un jeu de cartes qui devait occuper les clients du  bistrot d’antan, se décompose en trois parties: terrasse, salle du bas et salle à l’étage. L’ambiance est d’une grande convivialité, insufflée par des nombreux fidèles et habitués. A la fois, bistrot, café-restaurant et bouchon, la cuisine est simple, généreuse et même familiale, mâtinée de quelques lyonnaiseries militantes et autres poncifs, pour ne parler que des tartares, andouillettes, saucissons chaud sauce beaujolais ou encore tagliatelles sauce Saint-Marcellin.

Les entrées proposant quant à elles une large variétés de salades, de la lyonnaise à la grecque, sans publier la ternir de canard.

Plancher en bois, banquettes en moleskine rouge, tables en faux marbre, chaise en bois, nappes rouges en papier, le décor n’a pas changé avec une ribambelle de boîtes aux lettres réservées aux « associations résidentes » dans la montée d’escalier. Quelques décors d’esprit grand breton sur panneaux en bois ornent ou plus exactement meublent les murs.

Dès le matin potron-minet, petit noir ou petit blanc permettent aux uns et aux autres de refaire le monde ou sinon l’actualité de la veille, dans l’attente de l’apéro et du repas de midi. Pas de service le soir cependant.

La carte une fois encore est simple et les assiettes généreuses, avec des produits de qualité, mis en valeur par une cuisine elle aussi simple, mais faite avec conscience. Plat du jour, plats chauds, entrées, desserts sont au programme, pour ne citer que la cuisse de canard confit et moelleuse à la fois avec son gratin, le tartare à préparer avec ses frites ou encore le pavé de rumsteck sauce Saint-Marcellin, cuit selon la demande, mais peut-être avec une viande qui supporterait d’être un peu plus racie et servie avec des couteaux davantage appropriés.

Excepté la tarte citron meringuée, tous les desserts sont maison, y compris la crème brûlée minute Crème caramel, mopusse au chocolat, île flottante, tiramisu, crème brûlée aux fruits rouges, mousse de marrons…).

Le bonheur gourmand est donc d’une jolie simplicité qui ravit nos palais. D’une grande convivialité à la lyonnaise, qui plus est.

Aux manettes de la Manille depuis le 1er février 2000, Yves et sa sœur Sylvie Ferrigno gèrent cette maison midi et soir, 6 jours sur 7. On se souvient même encore de l’ineffable Josette, partie en retraite il y a deux ans et demi, et qui est restée près de 30 ans à la Manille.

Une page de l’histoire centenaire de la Manille se tourne, sans pour autant annoncer de révolution. Le personnel demeure, la carte aussi. Juste quelques idées nouvelles seront remises au goût du jour. Pourquoi pas des mâchons matinaux, un peu plus de lyonnaiseries militantes et sans aucun doute, toujours la même gentillesse envers la clientèle d’habitués. Sourire compris !

En attendant, merci à vous deux pour les bons moments souriants et gourmands que vous nous avez fait passer, en toute simplicité…

Michel Godet

PS J’oubliais, Je ne serais pas étonné de retrouver Sylvie et Yves dans quelques semaines dans une autre petit maison lyonnaise !

La Manille

33 rue Tupin Lyon 2e

Métro Cordeliers

Téléphone 04 78 37 35 93

Service tous les midis. Fermé le dimanche.

Café dès potron-minet