Lyon le 18 juin 2015  –  Fourvière voit le bout de son tunnel !

Il n’aura fallu pas moins d’une année (Octobre 2014 – Octobre 2015) pour mettre en conformité la sécurité du tunnel de Fourvière (Lyon), selon les nouvelles réglementations (circulaire interministérielle et directive européenne) imposées après la catastrophe du tunnel du Mont-Blanc le 24 mars 1999. Un terrible accident qui avait entraîné le décès de 39 personnes, dont 37 par asphyxie.

Le PC COMET gère H24 365/ 365 les huit tunnels de la Métropole de Lyon (69)

On parle bien de mise en sécurité du tunnel de Fourvière et non de rénovation insiste d’emblée le chef de projet Stéphane Petit, ingénieur à la Métropole de Lyon.

Une mise en sécurité qui s’articulent autour de plusieurs points sensibles, que sont le renforcement de la ventilation de désenfumage, la création d’une réseau d’assainissement, l’amélioration de l’accessibilité aux issues de secours, la reprise de l’étanchéité des façades, sans oublier la partie la plus visible, la réfection des chaussées dans les deux voies de circulation, Nord-Sud et Sud-Nord.

Pour mémoire, notons que le tunnel date de 1971 alors que Louis Pradel était maire de Lyon et avait choisi de lui faire traverser la ville au grand dam de nombreux opposants qui voyaient d’un mauvais œil des millions de véhicules l’emprunter. Il est vrai que le tunnel le plus utilisé de France après l’Île de France assurait alors 80% du trafic local, avec quelques 110 000 véhicules chaque jour, soit 40 millions environ depuis sa création.

La vidéo:


Depuis quelques années, le transport des matières dangereuses y est totalement interdit, au même titre que les camions dépassant 3,5 tonnes (PTAC), à part quelques exceptions locales.

Ce n’est qu’en 2004 que la communauté urbaine, désormais la Métropole de Lyon, en devient propriétaire, deux années avant que la réglementation dite « Mont-Blanc » s’impose aux collectivités en plus des ouvrages d’état.

Il devient donc nécessaire à partir de ce moment pour la collectivité territoriale de réaliser les travaux préconisés par un dossier préliminaire et votés le 13 janvier 2014 en conseil communautaire pour un budget avoisinant les 40M d’euros.

La ventilation – désenfumage

Avec une longueur de près de deux kilomètres, la ventilation est une préoccupation majeure pour l’exploitant, qui note que la pollution provient essentiellement des gaz d’échappement. Il y avait donc lieu de renforcer la ventilation de désenfumage, en temps normal, mais aussi et surtout en cas d’incident, voire d’incendie.

Chacun des 16 accélérateurs ventilateurs a un diamètre de 80 centimètres et affiche une puissance de 30 000W (Mille fois supérieure à celle d'un ventilateur domestique)

Pour ce faire, 36 trappes d’extraction pilotées à distance ont été installées dans le tube Nord au plafond pour canaliser l’air vicié dans un tube étanche situé au dessus de la voûte tonnelière. Par ailleurs, le dernier des seize accélérateurs géants a été installé sur les parois dans la nuit du 18 juin. Ces accélérateurs étant simplement des ventilateurs accélérateurs permettant de mieux maîtriser les « bouchons » de fumée créés par un éventuel incendie et d’éviter que ces bouchons se propagent.

Ce système implémente les énormes usines de ventilation amont et aval, alimentant les deux tubes en air frais et en extrayant l’air vicié, avec toute la technologie qui se rapporte à cette ventilation sanitaire. Capteurs d’oxyde d’azote, pilotage fin des carneaux de ventilation amenant, par une gaine indépendante, de l’air frais jusqu’au centre de l’ouvrage.

Un des énormes ventilateurs de l'usine de ventilation

Le réseau d’assainissement

Si la précédente version du tunnel était basée essentiellement sur son étanchéité, la problématique de l’eau est pourtant bien existante.

Il a donc été décidé de construite ex-nihilo un réseau d’assainissement souterrain, ce qui a nécessité l’implantation de près de 4 kilomètres de grosses canalisations et d’une quarantaine de regards avaloirs.

En effet, même s’il ne pleut pas par définition dans un tunnel, il faut néanmoins prendre en compte l’eau entraînée  par les véhicules lors d’épisodes pluvieux, quelques infiltrations récurrentes de la colline, ainsi que les eaux de lavage.

L’eau est canalisée jusqu’au côté Saône avant d’être traitées par les stations d’épuration de la communauté.

Issues de secours et signalisation

La sécurité des personnes valides ou PMR étant une priorité, 5 colonnes sèches ont été installées dans les cinq issues de secours distantes de 300 mètres chacune et quelques 200 mètres du réseau incendie ont été entièrement rénovés.

Du côté de la signalisation, avec plus de 80 kilomètres de câbles installés, les nouveaux plots bleus (60), sont espacés d’une distance de sécurité de 50 mètres et remplace les chevrons, intercalés par des plots blancs tous les dix mètres.

Ajouter à cela de nouveaux PAU (panneau d’appel d’urgence) plus modernes et plus rapides (désormais au nombre de 41) ou encore 75 caméras de sécurité nouvelle génération (48 auparavant) qui sont reliés en technologie numérique à la salle Comet de contrôle et de commandement située au dessus de l’entrée Nord.

Un nouveau revêtement

Avec 35 000 tonnes d’enrobé, un nouveau revêtement d’une qualité exceptionnelle a été disposé sur la chaussée le dernier week-end de mai, ce qui a nécessité la fermeture du tunnel durant deux journées, mais qui a également paralysé la ville qui fêtait en même temps les roses.

A ce propos, notons qu’avant la fin des travaux prévus pour le 22 octobre, il faudra encore accepter – pour la bonne cause – 90 fermetures de nuit et deux week-end de fermeture totale.

Enfin, pour les usagers, la partie la plus visible de ces travaux est sans conteste la réfection et reprise d’étanchéité des façades Nord et Sud de l’ouvrage en pierre de Moléanos (Portugal) et le Bleu de Lignère (Yonne), abritant les usines de ventilation.

Autant des travaux de mise en sécurité qui font dire à Jean-Luc Da Passano, 4e vice-président de la Métropole que cette dernière, au service de dizaines de milliers d’usagers n’a pas de prix.

Michel Godet Texte, photos et vidéo

Jean-Luc Da Passano

La sécurité a un prix

38,05M€, dont 13,85 financés par l ‘état

Ventilation : 2,8M€ HT

Equipement : 6,1M€ HT

Assainissement : 2,06M€ HT

Génie civil : 4,8M€ HT

Bâtiments : 5,4M€ HT